Il n’aura échappé à personne que depuis quelques mois, les grandes et moyennes surfaces proposent de plus en plus de produits compatibles avec le régime végétarien (dans lequel viandes, poissons et parfois œufs sont supprimés de l’alimentation) voire végétalien (qui bannit tous les aliments d’origine animale, y compris les laitages, le miel, etc). Certaines marques spécialisées dans les produits charcutiers ont étoffé leur gamme avec de nouvelles recettes à base de protéines végétales pour compléter les traditionnels jambons et lardons ! Mais pourquoi donc Nestlé, propriétaire de la marque Herta, ou encore Fleury Michon, se sont-ils convertis au soja ? Et ces produits sont-ils aussi sains que leur emballage le laisse paraître ?
La part de protéines animales dans l’assiette des français en diminution.
L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié en juillet dernier les résultats de son étude nationale sur les consommations alimentaires dite INCA 3. Les études INCA sont de vastes dispositifs d’enquêtes qui permettent d’avoir un aperçu des habitudes alimentaires des français. On apprend dans cette étude que les protéines d’origines animales qu’ingère quotidiennement un adulte représentent 6 % de son assiette en 2017 alors qu’elles représentaient 10 % en 2007. Le taux de protéines, toutes origines confondues, est lui stable sur cette même période, à savoir 17 %.
Des scandales à répétition.
On peut aisément expliquer la diminution de la consommation de protéines d’origine animale par les différents scandales ayant éclatés ces dernières années, que ce soit celui de la viande de cheval dans des lasagnes dîtes « au boeuf » en 2013 ou plus récemment ceux entourant les pratiques d’abattage dans différents secteurs du territoire. Un rapport de l’OMC, sorti en 2015, a également démontré que la consommation accrue de viande pouvait avoir des effets cancérigènes. Ne parlons pas du dernier scandale en date sur les œufs produits aux Pays-Bas et contaminés au fipronil.
Dans ce climat tendu pour la filière viande et pour les protéines d’origine animale en général, nul doute que leurs homologues d’origine végétale représentent une alternative de choix pour diversifier les sources protéiques et participer aux apports journaliers des consommateurs. Et les industriels ne s’y sont évidemment pas trompés !
Le marché des protéines végétales en pleine croissance.
On imagine volontiers que si les marques de charcuteries développent de nouveaux produits à base de protéines végétales, c’est qu’il y a à la clef un marché avec un énorme potentiel de développement : +6,4 % par an jusqu’en 2020 soit à terme 5 milliards d’euros ! Ces nouveaux produits arrivent en plus à un moment opportun : le plan protéines végétales lancé par le ministère de l’Agriculture qui vise, entre autres, à diversifier les apports protéiques des français via la consommation de plus de légumineuses notamment.
Mais si l’offre se fait prolifique, que bientôt, de nouvelles protéines en développement rejoindront les rayons de nos supermarchés et que les steaks végétaux ressembleront à s’y méprendre à une entrecôte classique, il ne faut pas perdre de vue l’aspect nutritionnel de ces produits. Celui-ci est en effet loin d’être aussi sain que l’emballage le laisse penser. Le magazine 60 millions de consommateurs a ainsi publié fin 2016 une analyse de la composition de ces produits : certains ne contiendraient que 15 % de protéines, et comme tout produit transformé, beaucoup trop de sel et trop peu de fibres.
Donc, comme le rappellent les différentes campagnes de sensibilisation sur une alimentation saine et équilibrée, mieux vaut consommer les protéines végétales sous leur forme brute et cuisinées maison plutôt qu’en galette industrielle !