Un an. Cela fait désormais un an que nous avons lancé Graines de Mane. Avec pour ambition de partager connaissances et réflexions sur l’agriculture et de faire prendre conscience à chacun de la transversalité, mais aussi de la complexité de ces questions. Et cette année écoulée a prouvé le large intérêt de chacun pour ces problématiques, au travers de ce site avec près de vingt-mille pages vues, mais surtout par la place régulière occupée par les questions agricoles dans l’actualité. Sans doute parce qu’en parlant d’agriculture, on aborde également le contenu de nos assiettes, notre santé, l’environnement mais aussi l’économie et les territoires.
Les questions évoquées cette année via Graines de Mane n’ont pas manqué de vous faire réagir à l’image du débat sur la suppression du glyphosate, des effets de l’agriculture biologique sur la santé ou encore des liens présupposés entre développement agricole des sociétés et inégalités de genre. Sans prétendre détenir une vérité hypothétique, nous avons toujours veillé à vous présenter les faits de manière nuancée et argumentée. Lorsque, par exemple, des agriculteurs protestent contre la suppression du glyphosate, deux attitudes sont possibles. La première consiste à les dénigrer en adoptant une posture de principe. La seconde consiste à comprendre leurs revendications et les usages qui y sont associés. Nous nous sommes tournés vers cette deuxième position, qui permet, nous semble-t-il, d’avoir un avis critique sur la question et de comprendre les freins éventuels existants à la sortie du glyphosate
Pour des débats passionnants mais dépassionnés
Les débats souvent passionnels sur l’agriculture témoignent de la place centrale que cette activité continue d’occuper dans nos esprits. Et c’est plutôt rassurant. Chacun se préoccupe de sa santé, donc de ce qu’il y a dans son assiette, donc de ce qui pousse dans les champs. Nous essayons depuis un an de dépassionner des débats pourtant passionnants : prendre le recul nécessaire pour réfléchir avec raison plutôt qu’émotion, bien que cette dernière puisse souvent être l’utile moteur à la prise de conscience. Cette approche dépassionnée est celle qui parfois peut conduire à regarder les graines que font germer les agriculteurs : celles de leurs champs bien sûr, mais surtout celles des techniques innovantes qu’ils mettent en place pour une agriculture toujours plus respectueuse de l’environnement. Et les innovations sont nombreuses : association de cultures, non labour, agriculture biologique, agroforesterie… Seules ou combinées, la diversité de ces techniques nous rappelle qu’il n’y a pas un seul modèle pour l’agriculture du futur.
Que 2018 soit riche en débats !
La multiplicité des points de vue et des pratiques est en effet une condition nécessaire de la résilience face aux nombreux défis qui nous attendent, au premier rang desquels les changements climatiques, l’érosion de la biodiversité, les dégradations environnementales et la nécessité de nourrir durablement et équitablement toujours plus d’êtres humains. Sans occulter le constat des pratiques allant dans le sens contraire de l’histoire, mettre en avant ceux qui innovent pour que l’agriculture soit une partie de la solution à ces défis, et non le problème, nous apparaît salutaire. Pour l’année qui vient, que l’on espère tout aussi riche en lectures et débats, nous continuerons donc à vous parler de ces graines qui germent plutôt que des arbres morts, témoins d’un temps que les moins de vingt ans ne pourront sans doute bientôt plus connaitre. Le tout avec raison, explications et compréhension pour des débats que l’on espère toujours aussi passionnants, mais dépassionnés.