De la méthode !

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Il n’y a pas une semaine ou presque, sans qu’une étude sur l’agriculture ne soit relayée via nos radios, quotidiens ou chaînes d’information. Santé, pesticides, OGM, nutriments… tout y passe ! Nous ne pouvons que nous féliciter que les médias s’intéressent à ce qui finira in fine dans nos assiettes. Mais le diable est souvent dans les détails méthodologiques qui peuvent nuire à la bonne interprétation des études.
Etudes agriculture

Savoir ce que nous mangeons et en connaître les conséquences sur notre santé, notre environnement, voire notre économie éclaire nos choix de citoyens, et nous fait prendre conscience que notre assiette est profondément politique. C’est la vocation de Graines de Mane : vous donner des clés de lecture de nos mondes agricoles pour mieux en comprendre les réalités et les enjeux. Donc, vivent les études, oui !  Mais le diable est souvent, en sciences agricoles comme dans beaucoup d’autres domaines dans les détails, et en particulier dans la méthodologie des études, trop souvent négligée par ceux qui les relayent. Or, connaître et comprendre la méthodologie d’une étude est essentiel pour en interpréter correctement les résultats.

Deux exemples. En décembre 2015, Paul Fischbeck, chercheur à l’université de Carnegie Mellon aux Etats-Unis, démontre que manger de la salade a un impact sur l’environnement plus important que de manger du porc dans le but d’atteindre le même nombre de calories avec les deux aliments.  De là à dire, en contradiction avec de nombreuses autres études, que manger massivement de la viande est bon pour la planète, il n’y a qu’un pas ! Ou plutôt un raccourci qui pourra être repris, relayé et amplifié par qui voudra. Sauf qu’en réalité, l’étude a été fortement contestée méthodologiquement. Comparer l’impact environnemental d’une même quantité de calories ingurgitée entre du lard et de la salade n’a que peu de pertinence. Qui remplace uniquement la viande par de la salade ? Quid des légumineuses, du riz complet, des fruits… ? Et c’est comme ça qu’une seule étude peut contredire des dizaines d’autres qui tendent à comparer l’impact de régimes alimentaires plutôt que de deux aliments isolés et qui montrent les bienfaits environnementaux d’une diminution de la consommation de viande. Dans un autre registre, on peut citer l’étude de Générations Futures d’octobre 2016, affirmant que les mueslis que nous mangeons sont bourrés de pesticides, à l’exception des mueslis bios. Outre le flou entretenu entre les notions de présence de résidus de pesticides et Dose Journalière Admissible (dose 100 à 1000 fois moins importante que la plus forte dose sans effet obtenue sur le modèle animale, auquel un coefficient correcteur permet de transposer les résultats sur l’homme), le rapport d’étude ne nous  dit par exemple rien du nombre d’échantillons prélevés et donc de la valeur statistique, et donc la fiabilité des résultats. Difficile pour le lecteur ou le journaliste de relayer avec certitude le contenu de l’étude. Et pourtant, tous les médias ou presque l’ont massivement relayé.

Ces deux exemples montrent l’importance de la bonne compréhension de la méthodologie pour pouvoir remettre en perspective les conclusions d’une étude. Tous les résultats ne sont pas tous à prendre avec le même degré d’importance, et lorsque la méthodologie est faible encore moins. C’est pour ces raisons, que nous souhaitons vous transcrire au fil des articles des résultats scientifiquement solides remis en perspective et dont l’assurance a été répétée. Interroger la science et comprendre comment elle est faite est en somme le seul moyen de vous proposer la vision la plus actuelle et complète possible de l’agronomie.