L’agriculture urbaine a le vent en poupe. Les villes voient de nombreuses initiatives fleurir leurs toits, leurs murs ou encore leurs parkings. La ville de Paris s’est ainsi engagée à végétaliser 100 hectares d’ici à 2020, dont un tiers consacré à l’agriculture urbaine. Un beau défi !
Mais tandis que le béton reverdit dans les villes, les terres agricoles, elles, se bétonisent… En France, plus de 75 000 hectares sont urbanisés tous les ans. C’est l’équivalent de la surface agricole d’un département qui disparaît tous les cinq ans ! En 50 ans, l’espace agricole français a ainsi diminué de 20%. Avancée des villes, augmentation du réseau routier, construction d’usines, de parkings, de centres commerciaux… les raisons sont multiples et répondent en partie à l’accroissement de la population.
Certains aménagements en revanche, qualifiés de « grands projets inutiles », cristallisent la colère de la population. Le plus emblématique, initié dès les années 1960, est bien sûr le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui doit couvrir une zone de 1 650 hectares en Loire-Atlantique. D’autres projets sont régulièrement décriés, comme la ligne ferroviaire Lyon-Turin, taxée de « désastre environnemental » par les opposants écologistes, ou encore le grand stade de l’Olympique lyonnais, dont le site pourrait s’étendre sur 110 hectares dans le Rhône.
Pistes de ski en Ile-de-France
Aux portes de Paris, on trouve le projet Europacity, porté par le groupe Auchan, qui prévoit un complexe de 80 hectares sur le Triangle de Gonesse, dans le Val-d’Oise. Sur ces terres agricoles parmi les plus fertiles de France, déjà coincées entre l’aéroport de Roissy, l’autoroute A1 et des friches industrielles, pourrait voir le jour d’ici 2020 un gigantesque centre commercial avec des hôtels, un parc d’attraction, un parc aquatique, et même… des pistes de ski en intérieur. Les promoteurs tablent sur près de 30 millions de visiteurs par an, soit presque deux fois plus qu’Eurodisney. Le projet d’Europacity touche une dizaine d’agriculteurs, qui voyaient déjà leurs terres grignotées par les projets urbains les plus divers. Mais que l’on se rassure : le projet prévoit une ferme « urbaine » de 7 hectares ! En 2012, Auchan s’est vu décerner le « prix Pinocchio » par l’association de défense de l’environnement les Amis de la Terre. Ce prix a pour but « d’illustrer et de dénoncer les impacts négatifs des entreprises multinationales et spécialement celles qui se blanchissent avec un discours « vert » », explique l’association. Transformer les parkings en potagers est une bonne chose, mais évitons d’abord que les terrains fertiles ne se transforment en parkings…