Monoprix a ouvert le bal en 2013. Puis Carrefour, Intermarché, Système U, Leclerc ou encore Lidl lui ont emboité le pas. Les unes après les autres, les enseignes de la grande distribution annoncent bannir de leurs rayons les œufs de poules élevées en cage, sous la pression des consommateurs et des associations de bien-être animal.
Il faut dire que les vidéos tournées par l’association L214 sont particulièrement percutantes. En 2016, celle tournée dans un élevage de l’Ain dénonçait le triste spectacle de « 200 000 poules entassées dans des cages dans un bâtiment sans fenêtres, des cadavres en décomposition, des animaux et des œufs infestés de poux et un sol répugnant où prolifèrent les asticots »… Des images choc, qui, outre nous passer l’envie d’un œuf à la coque, nous confrontent aux dérives de l’industrialisation de l’élevage. « Les poules sont des êtres sensibles, rappelle l’association. Et si nous cessions de les considérer comme des machines à notre service ? »
En route vers le bien-être animal
En France, 68% des poules sont élevées en cage. Cependant, comme le rappelle le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO), des efforts ont été faits par les producteurs afin de « procéder à de nombreux aménagements améliorant le bien-être des poules ». Près d’un milliard d’euros aurait déjà été investi pour « augmenter la surface d’élevage disponible aux poules de près de 40% ». L’interprofession nous apprend que désormais, les poules disposent « d’un minimum de 750 cm² chacune » et que « ces nouveaux hébergements sont équipés d’un nid et d’un perchoir ».
Des mesures qui ne convainquent pas les associations, qui continuent leur combat contre les « poules de batterie ». Conscientes de la demande sociétale, les enseignes prennent des mesures radicales. Dernier en date, le groupe Casino (regroupant les enseignes Géant, Casino, Monoprix, Franprix, Leader Price, Casino Shop, Vival, Spar, Leader Price Express et Cdiscount) a annoncé en février son intention de ne plus vendre d’œufs de poules en cage dans leurs magasins d’ici à trois ans.
Des délais insurmontables pour le CNPO, qui explique que de tels changements nécessitent de lourds investissements et ne peuvent se faire du jour au lendemain. Le Comité réclame une participation de la grande distribution, au risque d’une « multiplication des ruptures d’approvisionnement des rayons », d’une « explosion des importations » et de « la faillite tout entière de la filière française ». Un vent de panique qui illustre bien le décalage entre l’amont et l’aval de la filière. Mais qui, espérons-le, aura le mérite d’accélérer le développement d’élevages plus respectueux du bien-être animal.